Question de maux

Notre seule arme contre les terroristes, notre seule force contre les extrémistes de tout bord, c'est la raison et la force de la tolérance.

l'heure où j'écris ces lignes, vous partez ou vous revenez de vacances, sans oublier celles et ceux qui ne pourront pas partir et profiteront de l'été à Drancy. Pendant que nous utilisons cette période pour faire avancer les projets de la ville, d'atroces évènements en Europe et au Proche-Orient retiennent notre attention.

Le terrorisme frappe à répétition afin d'impressionner nos esprits et semer la terreur. Il ne faut pas s'y tromper. Ces gens ne souhaitent qu'une chose : que la peur nous fasse renoncer à ce que nous sommes, à notre liberté, à notre vision des droits de l'homme et du monde, bref à tout ce que nos anciens nous ont légué. Et au nom de quoi ? Au nom de l'Islam ? Non, pas du tout. Car l'Islam n'a jamais prêché de telles atrocités contre des civils et tous les dignitaires importants de cette religion le disent. Aujourd'hui toutes les religions s'accordent sur le fait qu'elles prient le même dieu de façon différente. Elles n'ont pas de raison de s'affronter.

Non, ces terroristes agissent au nom de leur vision du monde qui n'est pas loin de ressembler à celles qu'avaient les nazis de Hitler ou les communistes de Staline. Pour ces gens là, les êtres humains ne sont rien. Seule leur idéologie compte et ils sont prêts à tuer n'importe qui, n'importe quand, n'importe comment pour tenter d'imposer leurs diktats. Pour ces Stalino-hitléro-islamistes, la meilleure arme est de chercher à nous faire croire que tout musulman est dangereux. Ceci afin que nous nous en méfiions collectivement et que chaque musulman puisse se sentir victime. Alors les haines monteraient et les extrémistes pourraient se frotter les mains.
Mais ils ne sont pas les seuls à faire ce type de calcul. Il faut dire que l'aveuglement d'une Amérique "bushisée" fournit bien des prétextes à ces fous qui se prétendent de dieu (de quelque dieu qu'il s'agisse, de quelque camp qu'il soit). Dans le même temps, je vois refleurir dans certains quartiers de notre ville ces textes diffusés par des extrémistes et qui prétendent faire parler des musulmans contre la France et les Français, alors qu'ils sont écrits et distribués par l'extrême droite.

Alors, en tant que maire, je vous le dis haut et fort. Notre seule arme contre les terroristes, notre seule force contre les extrémistes de tout bord, c'est la raison et la force de la tolérance.
Les musulmans, pas plus que les catholiques, les juifs, les protestants ou les hindouistes ne prêchent ni la violence, ni l'oppression. Une minorité groupusculaire ne doit jamais parvenir à nous manipuler, ne serait-ce que par respect pour ceux dont le général De Gaulle disait : "Sil est un bon musulman, je sais qu'il se comportera en bon Français". Et ils sont une écrasante majorité...
Dans l'histoire, des hommes aussi apparemment faibles, seuls et sans armes que Lech Walesa, Vaclav Havel ou Jean-Paul II ont eu raison, il y a à peine 16 ans, de la plus longue dictature communiste du XXe siècle. Nelson Mandela a fait naître il y a 11 ans l'égalité en Afrique du Sud, pays du racisme instutionnalisé.

Avec cette force de croire en la paix, en l'être humain, bref en chacun d'entre nous, ils ont triomphé de dangers bien plus puissants que des terroristes qui n'ont rien à proposer que la fin de notre belle devise : Liberté, Égalité, Fraternité.
Il ne tient qu'à nous d'être aussi forts et solides. Si nous ne voulons pas faire le jeu des adversaires de notre identité réelle, nous devons toujours opposer notre sang froid et surtout notre détermination à faire vivre les droits des hommes et des femmes nés sur notre terre. Car l'intelligence de chacun d'entre nous est la seule chose qu'ils ne pourront jamais détruire et qui les condamne à l'échec.

Jc Lagarde (Immédiat le mot du Maire 08/05)

Raison et tolérance.... qui sème la terreur ? Pendant ce temps un brésilien anglais est fusillé pour avoir pris le métro... Acté la démocratie, les droits de l'homme et des femmes nés sur notre terre voilà comment le député, avec beaucoup d'intelligence, l'actait en 2004...

Rappel de la PROPOSITION DE LOI
tendant à rétablir la peine de mort
pour les auteurs d'actes de terrorisme.

Signé du Député Maire JC LAGARDE

Nous avons posé la question suivante à Maître Henri Leclerc, président d'honneur de la LDH :

Cette proposition de loi est-elle une gesticulation ou bien est-il possible aujourd'hui - constitutionnellement parlant - de rétablir la peine de mort en France ?

Voici la réponse de Henri Leclerc :

Il s'agit évidemment d'une manoeuvre politicienne dont les auteurs savent parfaitement qu'elle n'a aucune chance d'aboutir.

Ce n'est pas seulement des raisons juridiques qui empêchent de rétablir la peine de mort, c'est aussi, me semble-t-il - et c'est pour les abolitionnistes de toujours une heureuse surprise - l'état actuel de l'opinion sur ce sujet. Mais il est vrai que chaque crime odieux provoque une flambée de colère débouchant inéluctablement sur une revendication de retour en arrière. Il faut donc combattre de telles propositions politiquement et montrer que le retour à la barbarie n'est pas une arme que les démocraties peuvent utiliser, même contre la barbarie elle-même et que le combat qu'il convient de mener est celui de l'abolition universelle, en particulier, bien sûr, aux Etats-Unis. On peut toujours rappeler à ce sujet d'ailleurs que les 3500 occupants des couloirs de la mort et la centaine d'exécutions annuelle n'ont pas fait reculer les crimes de sang ni empêché le 11 septembre. Puisque cette proposition est une gesticulation politique ne feignons pas de l'ignorer et n'hésitons pas à engager le débat qui provoque inéluctablement une réflexion sur le sens de la peine, sur la prison et plus généralement sur le problème de la confrontation en démocratie entre la répression du crime et le respect des droits de l'homme.

Juridiquement, c'est en effet le protocole n° 6 annexé à la Convention européenne des droits de l'homme qui prévoit l'abolition de la peine de mort. La France l'a ratifié comme les 45 pays du Conseil de l'Europe ( y compris la Turquie, mais à l'exception notable de la Russie qui dit ne plus l'appliquer mais la conserve dans son arsenal).

Pour les Etats qui l'ont ratifié le protocole n° 6 est indissociable de la Convention. Certes il est possible de se retirer de la Convention. Mais c'est politiquement inconcevable

Rappelons aussi que l'article 2 de la Charte de l'Union européenne impose, sans restrictions aucunes, l'abolition.

Ne baissons pas la garde !

Henri Leclerc

le 30 avril 2004